Mercredi 16 février 2005
Tout commence à l'aéroport Saint Exupéry de Lyon. Première difficulté, se faire ouvrir
le parking longue durée.
Puis par chance, l'enregistrement se passe sans problème malgré nos imposants bagages.
Nous voici dans l'avion, direction Francfort, courte escale et c'est enfin parti pour Téhéran,
le pays des Tchadors ou la Perse? A nous de nous faire une opinion. Je n'ai pas osé redire
à ma Maman que je partais, car quand je lui en ai parlé à Noël son opinion était faite...
On arrive de nuit. Passage de la douane, foulard obligatoire pour les dames et première
photo des 3 grâces du groupe.
Nous sommes attendus et conduits à l'hotel. Il est tard, les rues sont calmes dans Téhéran.
Première vision de la ville. Les noms des rues sont écrits en farsi et en anglais,
peut être utiles si les habitants comprennent l'anglais.
Jeudi 17 février
Premier petit déjeuner à l'hôtel, on s'autorise les bras et la tête nus; Pas de remarque,
mais celà ne doit pas être l'usage.
Voici nos guides, puis notre interprète qui nous explique dans un français excellent quand
porter ce foutu fichu. Ce n'est pas vraiment un problème ce foulard, on en porte en France,
mais les regards moqueurs de nos compagnons nous en rappelent la signification ici.
Nous quittons Téhéran vers 10h, direction les montagnes au Nord. On les aperçoit de
Téhéran car il fait beau aujourd'hui. Presque plus de neige dans Téhéran , nous arrivons après
la tempète. En effet, Téhéran a connu une très grosse chute de neige la semaine précédente, une des plus grosses chutes de ces quarante dernières années. Tant mieux, les montagnes vont être enneigées.
C'est grand Téhéran, et très encombré donc pollué. On en finit pas de sortir des banlieues
et pourtant nous étions dans le haut de la ville.
Premier arrêt pour acheter du gaz, ils ne connaissent pas les bleuets ici, grosses
bouteilles et réchauds bien lourds.
Deuxième arrêt pour le gasoil après quelques tentatives, pas cher en Iran,
mais quelle queue car l'approvisionnement n'a pas pu se faire à cause de la neige. En
effet la route Téhéran-Amol monte dans la montagne, franchit le col de Emamzadeh Hashem à
plus de 2700m d'altitude
puis s'enfile dans les gorges de l'Haraz avant de redescendre vers la Caspienne.
Troisième arrêt, au restaurant cette fois, pas mauvais du tout, salade, poisson, viande et riz (la chine n'est pas loin).
Nous repartons. La route allant à Lassem vient de rouvrir, mais nous arrivons un peu tard
pour faire les 1500m prévus au programme. Il est déjà 15h et la nuit devrait tomber vers 18h.
Les plus motivés vont gravir la bosse au dessus du village. Pendant ce temps nous prenons
possession de la maison mise à la disposition du groupe, deux petites pièces sans chauffage
mais avec de gros tapis et juste ce qu'il faut comme place pour étaler les matelas.
On est au sec et il ne fait pas bien froid, de plus il y a l'électricité.
Lassem compte trois mille habitants l'été, mais seulement quatre en ce moment,
une famille reséte au village pour s'occuper de ses moutons. Plusieurs chiens errent
également dans les rues pour éloigner les loups parait il.
Vendredi 18 février.
Grand beau temps, la neige est devant la maison, les versants nords face à nous sont bien
enneigés, c'est là que nous allons taquiner nos premières neiges iranniennes.
Nous partons en file indienne, nos deux guides nous suivent, Hossein en raquettes, Salim en
skis de randonnée. Bien vite Hossein décroche et préfère rester bronzer en nous attendant.
Salim s'accroche, pas facile pour lui d'utiliser ces grands skis que lui ont laissés des
français l'an passé. Olivier lui montre comment mettre les couteaux.
La petite troupe progresse, lentement pour les derniers car le sommet est quand même à plus de
4000m. Quand nous l'atteignons, l'après midi est déjà bien avancée. Il ne reste qu'à se
laisser glisser sur la neige tantôt gelée , tantôt croutée. Salim ne sait pas skier en dehors
des pistes, heureusement il est bien entrainé. Nicolas l'attend gentiment, lui donnant de
nombreux conseils. Nous nous retrouvons tous au village avant la nuit. Hossein décide de se
recycler dans la cuisine qu'il fait d'ailleurs fort bien. Il faut dire que c'est plutôt un
spécialiste de cascades de glace et qu'il ne sait pas skier comme beaucoup d'iraniens.
Samedi 19 février
Salim est juif, très pratiquant, donc aujourd'hui, il ne fait rien. Nous partons sans nos
guides. Il fait encore grand beau. Direction une face sud exceptionnellement enneigée cette
année, donc profitons en. Encore une belle balade dont nous rentrons vers 14h car nous nous
transférons à Rineh, au pied du Damavand, aujourd'hui. D'ailleurs de l'antécime du Pashoreh tout à l'heure, nous avons aperçu Rineh, pas de neige au village, mais il est seulement à 2000m d'altitude alors que Lassem est à 2600m.
Nous quittons Lassem, redescendons vers la grand route, mais une grosse pierre barre la route, nos costauds en viennent à bout. Voici la grande route, nous suivons des gorges, la montagne a l'air de pouvoir s'ébouler à tout moment, voici maintenant des habitations troglodytes, des piscicultures. Nous traversons la rivière et attaquons la montée de l'autre versant.
Voici Rineh, les hommes vétus de noir défilent au son du tambour en mimant la flagellation. C'est la commémoration du deuil pour la décapitation du troisième immam. Derrière les hommes, voici les enfants et tout à la fin, les femmes également en noir. Nous ne nous attardons pas et montons à notre nouvelle demeure, une maison dominant le village. Un vieux monsieur nous y attend, offre quelques thés avant de nous laisser la place. Cette maison est plus moderne que la précédente, toujours deux pièces avec tapis pour dormir, mais il y a une cuisine, du chauffage et luxe, une douche chaude.
Dimanche 20 février
Voici les porteurs, une dizaine, ils sont afghans. Les charges sont distribuées, nous montons dans les bus pour atteindre la neige. Les porteurs se tassent dans le bus des bagages, notre chauffeur ne veut pas d'eux dans le sien.
Nous chaussons les skis, les porteurs montent en bottes recherchant les croupes peu enneigées, Salim et Hossein font de même. Mehdi notre interprète est resté au village réviser son prochain examen de littérature française, il en sait plus que moi sur le sujet.
Bien cachée derrière une croupe voici la mosquée de Gosfandsara avec l'abri en béton à côté. Nous serons bien au frais dans cet abri. Le vent se lève, Jean Louis déchire des cartons pour boucher les carreaux cassés de la porte et trois courageux décident d'aller reconnaitre la montée au deuxième refuge. Ils en reviennent à la tombée de la nuit. J'ai bien fait de ne pas les suivre, car c'est sur je serais rentrée de nuit. Il parait que la haut, ça ressemble plus à un refuge: sas d'entrée, bâts flancs en bois.
Pendant ce temps, on se gèle. Hossein a préparé la soupe mais pas d'eau, impossible d'avoir un gouter malgré les demandes insistantes de Jean Louis, pas de thé non plus. Jean Francois s'énerve un peu quand il revient. Il faut dire qu'il n'y a que deux réchauds et que Salim ne peut pas cuisiner dans la même gamelle que nous, religion oblige et donc monopolise un feu pour faire cuire... la même chose que ce que nous prépare Hossein. Nous mangeons, puis repus, nous endormons.
Lundi 21 février
Temps bien médiocre et surtout pas de porteurs en vue. Bernard utilise son téléphone satellite pour contacter ses collègues de météo France à Nice. Pas d'amélioration avant deux jours. Les porteurs ne monteront pas au deuxième refuge, il faut redescendre.
Grace au téléphone de Bernard, nos guides joignent Mehdi au village qui s'occupe de nous
envoyer des porteurs. Ils seront payés en conséquence(*). Ils arrivent avec des plastiques en guise de cape de pluie, nous leur offrons le thé et entamons la descente. Il a bien neigé, nous les voyons s'enfoncer dans la neige alors que nous les doublons à skis. La neige est bonne en haut mais se transforme rapidement en abominable soupe. Nous arrivons à la route en fin d'après midi, notre chauffeur nous attend. Il pleut à Rineh, les porteurs arrivent trempés.
Impossible de faire un transfert aujourd'hui, Salim y est opposé. A la place, nous allons aux bains publics. Ce sont bien des bains publics pour les hommes, mais côté femme, ce sont des cabines individuelles; heureusement assez vastes pour que Corinne et moi puissions en partager une et tchatcher, car c'est quand même ça l'intérêt de ces bains. Nous aurions aimé rencontrer d'autres femmes même si nous sommes bien incapables de dire un ou deux mots en Farsi.
Mardi 22 février
Ce matin nous partons pour notre nouveau gite au fond des gorges de la rivière Haraz
sur le bord de la grande route. C'est un super hotel avec des suites, mais il y fait bien frais, le fuel n'a été livré que ce matin. Il y bien de superbes cheminées dans notre séjour mais les quelques buches disponibles refusent de bruler. Et les fenêtres et portes fenêtres, bien fissurées comme tous les murs, laissent passer les courants d'air.
Nous partons faire un peu de skis sans nos guides qui préfèrent nous attendre au bus.
C'est la fin de la perturbation, nous tentons de monter suffisamment pour passer au dessus du plafond nuageux, atteindre l'inversion de température et le soleil diraient les spécialistes. Et ça marche, mais à force de monter on trouve presque au sommet un second plafond avec un brouillard givrant. Essai de radio pendant la montée, nos guides nous reçoivent. Nicolas en profite pour commander du poisson pour ce soir. Nous l'achetons en rentrant profitant des piscicultures. Tant qu'à faire des courses, nous prenons un stock de bières islamiques.
Ce soir Hossein et Salim nous préparent un bon repas. Double surprise au dessert, d'abord
il y a un dessert et surtout c'est l'anniversaire de Daniel, il y a même des bougies sur le
gateau. Nos accompagnateurs iraniens lui offrent un grand pot de Halva et lui chantent un joyeux anniversaire en Farsi (rien à voir avec notre ritournelle). Suivent le traditionnel thé et le Narguilé.
Mercredi 23 février
Bon Anniversaire Daniel Aujourd'hui nous rentrons à Téhéran, mais faisons quand même un sommet au passage. Ce sera la plus belle descente du séjour, une poudreuse légère, une pente régulière...
Jeudi 24 février
Après la visite de la banque, nous voici lachés dans le bazar. Le groupe se disloque, se reforme en partie. Le jeudi en Iran est l'équivalent de notre Samedi. Grande activité dans le bazar, des femmes en noir, d'autres en minorité avec un foulard minimal et fortement maquillées, beaucoup d'hommes également. Nous circulons sans encombre. Quelques iraniens plus curieux nous demandent d'où nous venons, en anglais car les seuls mots de français qu'ils connaissent semblent être "Zinedine Zidane" !!
Pas de touriste à Téhéran et donc pratiquement pas de cartes postales. Mais c'est
finalement agréable de pouvoir se promener sans être harcelé par des marchands de souvenirs.
Même les marchands de tapis , nombreux en Iran, n'insistent pas vraiment.
Repas à la cantine du bazar où nous restons plus longtemps que ne le veut l'usage ici.
Visite des musées l'après midi, belles collections d'objets anciens, un dernier petit tour
au bazar où nous craquons devant un tapis faisant attendre tous les copains, avant de passer
la soirée dans un restaurant arménien dans lequel se retrouve la jeunesse branchée de Téhéran.
Cette nuit, ou plutôt très tôt demain matin (à 3h) nous décollerons, après avoir passé le
contrôle de sécurité, "femme" pour moi, et intrigué les iraniennes avec la collection d'Arvas de Nicolas.
Bye, bye Iran.