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JOURNAL DE BORD de Michèle:

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  Compte rendu FFCAM

 

Groenland 2009

du 11 Avril au 17 Mai 2009.


 

 


10 /04

Départ de Roissy, surtaxe de bagages (22kg, ça fait 220 euros !!). arrivée par beau temps sur l'Islande. Transfert par le flybuss à l'auberge de jeunesse et diner en ville. Très bon, mais cher et peu copieux. Très nouvelle cuisine très bien pour moi mais pauvre Guillaume.


11/4 super petit dej à l'auberge de jeunesse , taxi pour l'aéroport domestique de Reykjavik. Pas de surtaxe, on a charge les bagages à main et on peut embarquer en chaussures de skis. Florent et Antoine en profitent. Décollage vers 10h, toujours beau temps. Beau survol du NW de l'Islande puis on pique direct sur Scoresbysund. Apparition des premiers blocs e glace au large du Groenland, première trace de banquise...atterrissage vers 12h. Peu de monde sur ce vol (un groupe de GNGL qui part faire le tour de la terre de Liverpool) et peu de monde au départ de Constable pour Kulusuk, juste quelques Groenlandais.

Fret récupéré sans surtaxe, essence négociée avec le pilote d'hélico qui nous en donne 30L. Et on attend que toutes les rotations sur Itoqorttormitt soient terminées. Premier voyage pour Antoine et Michal. Distractions : Un chien une chienne et 3 chiots de trois semaines que le personnel féminin s'empresse de nourrir au biberon. Vers 17h c'est notre tour, je suis copilote. Survol de la terre de Jameson, passage de la Schuchert dal et découverte des Staunings. Grand beau, beaucoup de crevasses , de séracs, de faces N en glace ....Quand on arrive Antoine et Michal ont déjà fait une reconnaissance sur le glacier Viking mais Michal est déjà revenu. Montage du camp, on met les arceaux, on les enlève....on est à l'ombre et il fait froid. Essai de démarrage des réchauds, score un sur deux, pas si mal. Diner un peu réduit car c'est long de faire fondre et le réchaud est dehors ce qui allonge encore le temps de chauffe.

Première nuit sous la tente. Il fait froid, je n'ai pas mis le sac étanche mais dors en doudoune.


12/4
Bien eu froid cette nuit et toujours un seul réchaud, donc petit déjeuner réduit. Attente du soleil pour partir en balade et léger « pittarak » dans l' Alpefjord. Florent essaie de démarrer son réchaud en le planquant derrière une pelle pour l'abriter du vent. Je sors l'aider, creuse un trou, Florent fait un mur. Après quelques préchauffages, ça démarre. Mais le réchaud est bancal et poser une gamelle dessus risque d'être acrobatique. Ballade de l'autre côté du fjord avec le petit Pittarak dans le nez à l'aller, je traine derrière, fatiguée, peu motivée. Masque néoprène, grosses moufles. Belle vue sur le fjord et le glacier Gully. Des traces d'animaux dans les pentes, non identifiées car elles font des gros trous dans la profonde. Au retour , Antoine repart en reconnaissance pour la montée sur le glacier Viking. Ça passe, nous dira t-il.


13/4

Nuit fraiche, soleil le matin (-13° à 9h30)

Belle journée mais pulkas trop lourdes, impossible pour moi de tracer, heureusement il y a Guillaume. Ça monte et neige profonde donc galère modérée par le soleil et le beau temps frais. Pas de vent. Lever 7h pour un départ vers 11h. Toujours un seul réchaud. On s'arrêtera vers 18h en ayant fait une ½ étape. 400m de dénivelé seulement dans une neige pulvérulente qui ne porte pas.

Guillaume a tracé presque toute la journée. Ce soir le réchaud de Michal a un peu de mal à démarrer et celui de Florent, on n'essaye même pas. Peur de gâcher du carburant car les premiers essais ont été très couteux et il faut tenir avec les 30L. Légère brise en soirée et quelques nuages au coucher du soleil. (mais en fait pas de nuit réelle, le soleil passe derrière les montagnes, descend il sous l'horizon ? on n'en sait rien. Mais c'est rose vers 4h du matin).



 

 


14/4 bienvenue à Ker Ozen

Aujourd'hui, on suit Antoine à l'odeur. Bidon mal fermé dans la pulka, l'horreur habituelle, duvet imbibé...mais pas la bouffe (enfin on s'en apercevra bien plus tard et on jettera 2 kg de Lion au kérosène). Belle étape, soleil, pas de vent, toujours aussi frais (on marche en veste et sur pantalon et on ne s'arrête jamais longtemps.) Michal avec ses petits skis enfonce dans la trace et ne peut pas relayer. De plus, il s'est fait une petite entorse hier (dans ses chaussures de skis). On marche mieux qu'hier. Florent n'a pas le moral et se demande dans quelle galère il s'est embarqué. Guillaume va mieux et moi aussi. Ça démarre par une traversée de bédiaire sur le glacier. Je passe trop près du trou ce qui me vaut une engueulade d'Antoine, mais impossible de remonter dans sa trace et il me prend en photo au lieu de venir m'aider alors ...il y aura 2 traces. Guillaume et Florent prendront la mienne et Michal celle d'Antoine. Toujours autant de fraiche, mais on se relaie mieux aujourd'hui.

Camp au pied d'une magnifique chute de séracs (Dansketinde), la plus grande des Staunings.


15/4

Petite forme pour Michal et Florent. Pour moi, moyen, j'ai repris de la charge au Toinou. Et j'ai faim ...Temps voilé donc on crame un peu. Camp en haut du glacier Friheds, au pied d'une chute de séracs (Friheds tinde). Ça sent le portage pour demain. Belle étape avec toujours la vue sur la plus grande cascade de glace.

Ce soir déjà -20° au camp, prévoir une nuit à -30°.


16/4

Belle étape avec passage du col Friheds à 1980m.

On envoie Guillaume et Antoine tracer pendant qu'on démonte le camp.

Portage du bas de la chute de glace du Friheds tinde, puis sur les 20 derniers mètres de la pente terminale. Temps frais toute la journée et passage du premier col. Le moral remonte dans le groupe et aujourd'hui on a fait l'étape prévue. Paysage grandiose et enfin on quitte le Vikingbrae et l'alpe fjord et on entre dans le massif. Neige meilleure au niveau du col, ça porte et enfin un peu de descente entre les portages (et sans pulka) et après le col.

Bel endroit de camp, mais on est à l'ombre et il fait très froid.

Guillaume et Antoine ont très froid aux pieds pendant le montage du camp. Moi aussi, mais un peu moins.

-17,5° à 21h sous la tente pour manger avec les thermos, le réchaud est sous l'autre tente et ils sont déjà trois.. -27° à 22h dehors.



17/4

bis : On envoie Guillaume et Antoine tracer en descente pendant qu'on démonte le camp. Guillaume a un début de gelure (petite ampoule) et il vaut mieux qu'il ne reste pas à piétiner.

Départ vers 11h30 et arrivée vers 18h. Temps changeant toujours bien frais ( collant +pantalon polaire et sur pantalon toute la journée).

Encore une belle étape. On termine la descente du col suivie de 10km de descente plate sur un immense glacier le Skjoldungebrae, pas besoin de tirer comme une bête. On attaque la remontée vers le col Harlech. Le glacier est très crevassé et le temps se couvre. Alternance de soleil, voile, petite neige. Je m'encorde derrière Guillaume et coure pour le suivre, les autres sont lâchés mais il y a jour blanc et la perspective d'être coincés au milieu de ce labyrinthe nous donne des ailes.

Antoine râle après ses peaux qui ne collent plus, la colle de Michal qui est trop vieille...mais Antoine est parti avec les plus vieilles peaux de la maison , sans les ré-encoller (car elles collaient chez nous...) et bien sûr les a décollées dès le premier soir en passant sur une flaque d'eau en « surfusion ». Michal gentiment lui scotchera ses peaux au gros scotch gris (et les peaux ne recolleront vraiment que pour les 2 ou 3 dernières étapes). Finalement retour du beau en soirée, le camp domine légèrement le Skjoldungebrae. Au fond on devine le fjord, le Segelsall...lumière de cinéma.. nous sommes au milieu d'un glacier moutonné par les crevasses recouvertes...

Beau temps et donc froid, -20° à 19h et -30° pendant la nuit. Et froid pendant le diner.


18/4

lever difficile, trop froid. Le soleil arrive vers 8h. Et .... On envoie Guillaume et Antoine tracer pendant qu'on démonte le camp

Mais aujourd'hui ça se dérègle. D'abord ils ont oublié leurs pelles, ensuite Antoine perd ses peaux et revient. Guillaume tourne en rond plus en essayant de se réchauffer. Antoine repart, nous démarrons ensuite, mais Antoine revient. Guillaume s'est arrêté, froid aux pieds. Il avait un orteil un peu touché et aujourd'hui, ça a empiré, le phlyctène a éclaté. On remonte le camp, les plate-formes sont prêtes et ça va vite. Je monte à la rencontre de Guillaume récupère sa pulka. On met Guillaume au chaud sous la tente. En pleine journée , le soleil cogne et il y fait bon.

Bilan gelure légère mais risque d'aggravation. On appelle les secours dans l'après midi.

Très belle journée, ciel bleu, pas de vent toujours froide (-17° à 16h). L'hélico arrive vers 21h, après nous avoir cherché un moment. Problème sur la transmission des coordonnées GPS (2 chiffres inversés dans une coordonnée W et ils n'ont pas vérifié avec les UTM). Donc se sont posés à Mester vig, ont regardé notre dossier transmis par le DPC dans lequel il ne manquait que l'itinéraire et ont eu la bonne idée finalement de suivre nos traces bien visibles vu la profondeur de la trace depuis le point de dépose.

Ils dormiront ce soir à Mester Vig. Guillaume nous quitte, nous laissant quelques vivres et emportant une popotte et des bouteilles MSR vides.


19/4 C'est Dimanche. Nuit douce , seulement -23°.

Antoine part en trace pendant qu'on démonte, je pars vers 11h. La trace a été faite par Guillaume, il ne reste que peu à faire jusqu'au col. Montée facile , mais une belle corniche nous attend avec une pente raide sur l'autre versant. Il y a un passage sans corniche. Antoine descend tester la pente assuré par Michal et c'est le premier moulinage des pulkas sur demi-cabestan avec nos 193m de cordelette en 5mm et ça marche, pas trop de nouilles. Il faut quand même environ 2h pour faire la manip. Je mouline la première à mi-pente puis Michal me relaie. On se retrouve au pied du col vers 15h30, petite pause casse-croute au soleil pendant qu' Antoine qui attendait sagement les pulkas au pied du col part en trace en descente avec ses peaux. On enlève les nôtres et c'est parti pour la descente. Comme toutes les pulkas sont aussi chargées, seul Michal le plus lourd arrive à contrôler la sienne. « cuisses plus musclées pour freiner la pulka » dira t-il. Il a peut être raison, mais si je prends 10 kg dans chaque cuisse, je ne sais pas ce qu'en pensera Antoine. Florent traine derrière et finit par apparaître trainant sa pulka en laisse. Il a cassé son brancard sur le plat en freinant dans une neige bien irrégulière. Moi, je suis plantée aussi, mais pas de casse, la pulka s'est contentée d'essayer de me passer par dessus au freinage. Je remets les peaux en espérant un meilleur freinage bonne idée ? on a 800m de dénivelé à descendre. Michal rattrape Antoine en bas sur l'immense glacier de Ber. On plantera le camp en bas pour pouvoir réparer le brancard. Le glacier est impressionnant, on dirait le fjord. Le soir je remonte au col, j'ai oublié de prendre le point GPS au passage. Vers 21h30, petit crack, je suis 50m sous le col, je prends le point (pas de chance seulement 3 satellites, donc altitude prise à l'alti et calé sur le GPS au camp) et rentre. Belle ambiance dans la descente. La neige est moyenne, mais le ciel prend des teintes violacées étonnantes. De retour Michal me guette et 2 thermos d'eau chaude m'attendent, merci Michal !

La pression baisse , nuit douce -15°, un tout petit peu de vent.


20/4

Réveil tardif 8h !! L'alti a pris 100m, pas bon signe. Départ vers 11h30 pour essayer de rattraper Antoine parti une heure plus tôt. Ciel voilé au départ puis averses de neige. Montée très douce, peu de visibilité. 17h on arrive vers le haut du glacier, on monte le camp sous la neige au niveau de la bifurcation vers le col Glamis. Il ne neige pas très fort et il fait chaud (0°). Étuve humide pour monter puis sous la tente, mais on se refroidit dans cette ambiance.


21/4

temps maussade, ça neigeote mais le soleil n'est pas loin. En début d'après midi on part se promener vers le col Major.

Antoine part en trace en oubliant pelle et sonde. Au bout de 5km, je suis la seule à vouloir continuer. Ils font tous demi-tour. Je traîne un peu puis rentre également. Un peu de mauvaise humeur car ils ont profité de mon absence pour faire ½ tour. J'avais semé une sonde plus bas sur la trace et étais partie la rechercher. Une sonde et pas ma sonde car aujourd'hui, j'ai 2 sondes, ça change des jours où j'ai 2 pelles. Antoine a oublié la sienne en partant, ainsi que sa pelle. Michal a pris la pelle (c'est le seul qui n'a pas pelle et sonde pour diminuer la charge), mais avec la sonde c'était trop et surtout ça sent le kérosène donc je trimbale la sonde d'Antoine et quand enfin je le rattrape, il fait 1/2tour...Je reviens au camp. Antoine est déjà reparti au col Glamis faire une reconnaissance car il y a deux options et monte sans corde en bordure des séracs. Je prends la corde et cours derrière, mets un arva au pied des pentes et rattrape Antoine qui bien sûr n'en a pas. On s'encorde car il y a quelques crevasses et on arrive au pied du col, beaucoup de plaques friables, jour blanc, il fait froid..retour aux tentes sans savoir si ça passe.


22/4

5h temps médiocre donc pas la peine de tenter le Kensington, on se rendort. 7h lever pour faire étape et passer le col Glamis, mais vu le beau temps vers 8h on décide de tenter le sommet. Antoine part en trace dans la trace faite la veille, no comment...Florent oublie la corde. Donc partant en dernier, j'ai la corde. Et je traine en regardant Antoine suivi de très près par Michal passer tranquillement sur les ponts de neige. Impossible de leur passer cette corde car quand ils s'arrêtent, ils redémarrent quand ils me voient arriver. Belle balade, neige scintillante avec des plaquettes de givre de toute beauté à la descente (elles se sont formées pendant la journée et font des carré d'1cm de large), des séracs, un couloir pour monter au col que je monterai deux fois car la première fois le GPS est resté au pied avec mon sac à dos. Tant pis pour les photographes qui me guettaient à la sortie et m'ont vu disparaître sans comprendre pourquoi. Le temps qu'ils réagissent, j'étais déjà en bas. Une vraie descente, de la bonne neige avant de rejoindre le glacier presque tout plat sur 10 km. Mais tout de même des ponts de neige bien foireux dans lesquels on plante les spatules quand ils s'effondrent en surface, et froid, froid à l'ombre. Ça change, la montée c'était chaud, trop chaud. Du col belle vue sur le pilier Sud du Dunovar, mais c'est tout. Le sommet du Kensington est encore loin, 300m au dessus.

Nuit fraiche avec ce beau temps -22°.


23/4

passage du col Glamis (1410m) descente glacier de Kishmul

Réveil tardif, les copains n'entendent pas nos appels car Michal ronfle comme un bienheureux et donc Florent a ses boules quies. Beau temps froid. Antoine part en trace pendant qu'on démonte. Nous partons vers 11h30. Deux passages à reconnaître. Antoine est parti à droite donc je vais à gauche. J'arrive dans les plaques sous le col, Michal me suit, mais il n'a pas de pelle, c'est Florent qui en a deux. Donc une pelle pour deux c'est un peu juste et je commence à redescendre dans une zone moins plaquée quand Florent arrive. Le compte est bon et en plus Florent me relaie pour monter au col. Antoine est donc seul de son côté et finit par nous rejoindre car ça ne passe pas. De notre côté, ce n'est pas terrible mais avec trois portages à la montée et un moulinage de pulkas à la descente ça passe. Manip un peu longue, le col est passé à l'ombre et c'est la soufflerie la-haut.

Michal mouline aidé de Florent et je fais guidage des pulkas dans la pente (à l'ombre, mais à l'abri du vent). Belle descente ensuite, à l'ombre dommage. La pulka trouve que je ne descend pas assez vite et essaye de me passer par dessus. Je me retrouve la tête dans la neige à essayer de décrocher la pulkas, bof, bof ! Je me roule dans la poudreuse bien fraiche, en mets partout, un vrai plaisir par cette température quelque peu hivernale. On arrive au camp vers 21h. Démarrage du réchaud vers 23h.


24/4

-20°c à l'aube, mais le soleil est sur la tente au réveil. Dehors un petit courant d'air bien « fraichou ». Je pars en trace vers 10h sur un immense glacier, au fond à gauche, la montée au col. les trois autres décolleront vers 12h et me rattraperont au pied de cette montée. Je cale un peu et suis de loin Antoine te Florent qui se relaie en trace. Col atteint par Antoine en fin d'après midi, vers 18h. Il hésite sur le passage. Encore des manips à faire, on attendra demain. Camp au pied du col (1616m). Belle journée.


25/4 passage du col 1700m

Réveil vers 8h, petit déjeuner à la thermos pour Antoine et moi et démarrage du réchaud dans l'autre tente pour leur petit dej et les thermos de la journée. Il fait frais et le camp restera à l'ombre encore un bon moment alors que les crêtes alentour prennent le soleil.

Antoine et moi partons inspecter le col. Antoine est plutôt pessimiste, mais avec le soleil du matin tout paraît plus facile et ça va passer. On prépare le passage, je pose un relais pour assurer Antoine qui défonce la corniche, puis on redescend activer les copains pour les portages et moulinage. Florent finit de préparer l'eau chaude, je démonte notre tente, puis aide Florent pour la sienne, pendant qu'Antoine et Michal démarrent leurs portages. Le col est en fait une petite brèche exigüe, mais Michal trouve la place de s 'installer pour vider sa pulka et la nettoyer ! Le moulinage sera délicat, les pulkas se renversent presque dès le départ et Michal doit les redresser à chaque fois. Au pied du couloir, c'est tout bon, pente douce, bonne neige. Pas de chute, on rejoint le glacier de Schuchert, grand, grand, grand...qui débouche en haut de la SchuchertDal, la large vallée qui sépare les Staunings de la terre de Jameson, puis on le remonte. Belle trace pas trop difficile à faire, petite neige poudreuse peu profonde qui scintille, ambiance de fin de journée au soleil, grandiose quoi ... avant de poser le camp vers 1625m.

Très belle journée.

-25° vers 22h


26/4

Encore -27°c ce matin à 4h pour la sortie du matin, ciel rose sur les montagnes. Il a fait froid cette nuit , les pieds se réchauffent enfin dans le duvet quand le soleil tape sur la tente. Réveil à 6h30, le doux bruit du réchaud se fait entendre chez les voisins une demie-heure plus tard. Antoine part en trace. Départ presque matinal vers 10h. Belle montée en Z vers le col Trumpington (2000m). Roche très rouge, du granite, assez surprenante et montée en partie exposée sous des séracs assez menaçants. Puis partie plus facile, Florent relaie. Arrivée avec de la neige un peu gelée au col, donc décrochage de ma pulka dans une traversée juste sous le col. Michal vient m'aider. Moulinage dans une pente qui pourrait se skier sans les pulkas, mais non purgée, ne décrochera pas. On repart planter le camp pas trop loin pour avoir le temps de faire une balade sans pulka au col Crescent, mais ça cafouille, Florent n'a pas compris et part assez loin avec sa pulka vers le col, je fais la gueule et quand je les rejoins, décide de ne monter ma tente qu'à mon retour pour profiter des belles lumières. Antoine est de mauvaise humeur et décide d'aller faire un sommet tout seul. Il est 17h. Nous partons à fond et je le suivrai finalement, mais Michal et Florent se contenteront de la balade au col. Beau sommet, avec une pente terminale alpine, Antoine avait prévu et met ses crampons et je suis sans crampon. Très belle vue de la-haut (2370m) qui nous remet de bonne humeur tous les deux, il est 20-21h , grand beau, lumière .... Antoine tapera un peu plus ses pieds à la descente pour me faire des petites marches. Retour au camp (1820m), les sommets rosissent. Montage rapide de la tente et thermos préparées gentiment par les copains en nous attendant.

Encore une très belle journée.

-25°c à 22h


27/4

Lever 6h30, départ 11h30. Très belle journée. Soleil tôt sur les tentes et départ en descente douce que je trace quand même pour traverser le glacier de Lang. Florent et Michal démonte leur tente tranquillement. Point bas à 15?? m, pause et relais pour moi, les autres tracent la remontée vers les diadèmes et le col de pulkas (nommé ainsi par Marc B qui a trouvé ce passage). Col des pulkas en vue à environ 1 km, mais il est 16h. On plante le camp et je pars tracer le couloir du col, les autres emmènent leur pulka avec un maximum de bazar. Il fait froid et seul Michal me suivra et fera donc un portage. Antoine est rentré, il saigne du nez. Florent attend pour s'engager et finalement rentre aussi, trop froid.

Belle journée.

-24°c à 20h, -26°c après le diner. Camp à 1757m


28/4 passage du col des pulkas (2050m)

Réveil 6h30, on est au soleil, mais petit courant d'air frais dehors. Antoine part le premier à l'assaut du col pendant que je démonte et que Florent termine les thermos. Nous partons ensuite, moi avec ma pulka, les autres avec un gros sac. Trois portages, sauf pour Michal qui en a déjà fait un hier. Florent a une petite forme, mal dormi, tendinite au poignet. Du coup pour faire passer le portage, il compte les marches 1070 !! pour 180m de dénivelé (à 30-35°). Antoine est le premier à avoir terminé et prépare sa pulka pour le moulinage. Pente pas trop raide, donc Antoine accompagnera sa pulka pendant que je la mouline. Puis je mouline la mienne qui évite de justesse le trou qu'on ne voit que d'en bas. Puis Michal mouline la sienne, Florent termine ses portages et c'est le tour de sa pulka.

Descente du glacier de Kirke, facile en haut mais rapidement très crevassé « avec des cathédrales ». Florent trace encordé avec Antoine. Soleil voilé au col, puis jour blanc plus bas, erreur d'itinéraire, on remonte un peu. D 'après les photos, on est descendu trop bas rive droite. Je relaie mais c'est presque fini et effectivement ça passe rive gauche. Bel endroit, glacier très encaissé avec des faces N très raides et des glaciers suspendus. Austère, et nouveau pour nous. Le soleil se dévoile et on aperçoit l'allure de notre raccourci. Heureusement qu'on n'a pas insisté, c'était vraiment trop raide. On débouche sur le glacier de Sefstrom pour planter le camp. De nouveau, plus d'échappatoire, ce glacier redescend au fond de l'Alpefjord, donc il faut passer le col Newnham.

temps doux, -10°c ce soir, brulage des ordures.


29/4 remontée de la chute du Cantebrae.

Nuit douce, ça fait du bien de ne plus avoir le carcan de givre du duvet autour de la tête, mais dehors c'est tout couvert à 5h (-9°c). Réveil 6h30, départ 9h30. Le soleil sort, mais on est à l'ombre et les degrés chutent. Vite, vite je pars car le soleil est là-bas au milieu du glacier. Antoine y est déjà, je le relaie en trace et pars pour 3h de trace. Le soleil se cache, une belle nuée noire arrive et les copains aussi. Pause pour m' habiller, ce qui me permet de me faire relayer. Le temps restera couvert avec des averses de neige toute la journée.

Florent trace presque toute la chute de séracs, itinéraire complexe mais il s'en sort bien, Michal fera une tentative , moi également, mais c'est trop raide pour moi et Michal a du mal avec le relief. Fin d'étape à 21h, petite éclaircie en soirée. Camp sur un replat à 1913m. Neige souvent profonde.


30/4 passage du col Newnham

Départ 9h30 pour moi, 10h15 pour Antoine. Je trace vers le col, c'est profond et ça monte pas mal . Le temps est complètement bouché et en fait je ne vois pas le col. J'essaie de ne pas trop longer les parois, peur de me prendre une coulée. C'est la première fois que j'utilise le masque de ski. Antoine me relaie 2h plus tard, puis Florent relaie Antoine, col en vue et ça se redresse. Florent trace trop raide pour moi, je n'arrive plus à tirer dans la trace, sors de la trace et ma pulka finit par me tirer vers le bas. Michal est là et m'aide à m'en sortir et j'attaque des portages. Plus haut les autres font de même. Il neige fort, la pente déjà chargée se charge encore plus, vite, vite..Il reste environ 80m de dénivelé, la neige est assez profonde, puis on arrive dans des cailloux recouverts de neige pour finir en pointe avant dans la glace et ça frise les 50 ° dans les derniers mètres, pose d'une broche, d'un relais...Je prépare un portage quand une rafale balance mon ski qui dévale tranquillement la pente. Je descends, remonte..Antoine toujours le plus rapide montera ma pulka pour gagner du temps. Au col c'est déjà une petit tempête. Les sacs au dépôt se remplissent de neige, les pulkas aussi. On ne voit rien , mais j'ai une vague idée du départ pour la descente repéré à mon premier portage. On bascule plein Sud dans les pentes faciles, je trace à l'aveuglette. Le vent diminue , on se réchauffe un peu, sauf Florent qui a froid aux mains.

Arrivée sur un replat vers 18h30 et camp (1940m).

Beaucoup de neige très profonde aujourd'hui et aucune visibilité. Manque d'adhérence de la neige fraiche sur la couche gelée enfouie. Condition de neige plus sure en descente.

Pas vu le Sneetoppen, le sommet du jour.


1/05

Fête du travail et jour de repos ? Il neige, il vente (mais c'est loin d'être la tempête), mais on a du chemin à faire et pas trop de marge. Mais vu l'étape de la veille on s'accorde une journée de repos, la première vraie journée car au pied du Kensington, on avait tracé une partie du Glamis et été en reconnaissance aussi vers le col Major (qu'on n'a même pas vu finalement). Il nous restera donc 2 jours de marge avec des étapes longues déjà prévues en terre de Jameson.

Petite éclaircie en début d'après midi, le vent se calme, on en profite pour nettoyer les pulkas, les sacs, bonshommes, bonne femme. Et bulle en écoutant les parois qui purgent, ça doit faire de belles coulées par endroit.


2/05

Les altis n'ont pas bougé, toujours mauvais temps. Les parois purgent toujours. Départ vers 9h30. 5 km en descente en faisant une belle tranchée au milieu d'un vaste glacier bordé de parois bien raides. Ca purge, mais assez peu et assez régulièrement, et le glacier est tellement large que ça s'arrête bien loin de nous. Vraiment beaucoup de neige.

On descend une branche supérieure du Roslin Gletscher. On rejoint le confluent de ce vaste glacier, endroit de toute beauté parait-il, mais c'est la purée de pois. Antoine et Michal sortent les boussoles pour remonter vers le col Duart, mais ils ne tracent pas et donc on se débrouille devant. On y voit un peu mieux au niveau de ce col, ligne de partage entre les immenses glaciers Roslin et Duart. Et bifurcation également pour remonter vers le col Plinganser. Montée très pénible, Florent et Antoine la trace, ça botte sous les pulkas, on peine autant en trace que derrière. On monte le camp au pied du col.


3/05 Passage du Plinganser (2225m)

100m à monter pour le col et beau temps aujourd'hui. Michal et moi prenons le temps de farter nos pulkas après notre montée de la veille avec l'impression de tirer une charrue. Antoine trace la montée sans pulka car il y a épais de neige. Quelques nuages arrivent du sud et s'accrochent sur les sommets quand nous arrivons au col. Pas de chance, nous ne verrons pas la Sneekupe. Passage de nappes de brouillard dans l'après midi. Belle vue sur l'immense glacier Sporre que nous rejoignons. Belle pente à descendre en moulinant, bien chargée et à moitié partie seulement dans sa partie inférieure. Ça prendra 3h et comme d'habitude Antoine se sauvera en trace. Finalement il nous attendra et on fera un briefing pour savoir si on va vers la Sneekuppe (2 cols inconnus) ou si on s'échappe par le col Darien (facile) , Concordia et la Schuchert Dal. Ambiance tendue, Antoine veut aller à la Sneekuppe, moi pas car on est trop à la bourre, Florent et Michal ne savent que dire coincés entre les chefs d'avis différents. Finalement on file vers le col Darien. Montée avec de la neige très profonde et mauvaise surprise au col, la courte pente raide est plus longue que prévue (facilement 200m bien raide et peut être plus) et bien chargée. Que fait-on ? Fin d'après midi déjà, je suis tentée de passer car il fait beau ce soir, mais la descente est à l'ombre et il fait froid, donc on verra demain. On redescend d'une dizaine de mètres sous le col planter le camp. Le col est double et Antoine part voir l'autre col (pas d'accès direct, il faut contourner un petit sommet).


4/05

Neige cette nuit et tout est blanc ce matin. On remonte au col, Michal prépare un relais et Antoine part explorer la pente. Pas simple, car il y a une arête à passer et on perd vite Antoine de vue. On ne l'entend pas non plus. Heureusement, en quittant le col et en allant à 200m , la crête domine la descente et je vois de nouveau Antoine quand le brouillard n'est pas trop dense. Il a descendu 60m , on raboute le ficelou, mais il ne voit toujours pas où il descend et c'est toujours aussi raide et chargé (risque 4 probablement). On abandonne, trop dangereux. Une journée de perdue , on redescend vers le glacier Sporre que l'on traverse pour reprendre l'itinéraire des deux cols. Navigation à la boussole et au filling. Les parois apparaissent et disparaissent, il neige mais on devine le soleil. Après avoir brassé jusqu'aux deux oreilles, on trouve une pente gelée juste sous le col et aussi au col. Antoine doit s'arrêter gratter sa « charrue ». Col assez large mais pas vraiment de replat, la pente plonge tout de suite de chaque côté. C'est raide, corniché côté descente et la pente est longue. Crampons aux pieds, défonçage de la corniche par Antoine que je relaie puis je teste la descente « assurée » par Michal qui me lâche du mou sans arrêt donc comme ça a l'air de bien tenir (j'ai balancé quelques blocs), je remonte et c'est parti. C'est Florent qui descend à la récupération de pulkas, Michal et Antoine qui moulinent et moi qui observe. On prendra tout le ficellou et une corde d'attache. Au GPS ça donnera 150m et 50° de moyenne, mais avec de la neige parfois jusqu'au ventre qui tient (on va dire cohésion de feutrage étonnante). On rejoint un glacier facile à descendre, peu pentu, peu crevassé, on y voit toujours pas grand chose. La neige est enfin plus consistante et la trace est plus facile. Vers 19h on débouche sur un vaste confluent et surtout le ciel se dégage enfin. On entrevoit les sommets dont la Sneekuppe, partiellement masquée, on est trop bas pour la voir correctement. On attaque la remontée vers le prochain col, cherchant un replat pour le camp.


5/05 passage sur le glacier Orion

Presque beau ce matin. Nettoyage des skis d'Antoine par Florent, feu de camp pour Antoine pendant que je farte sa pulka, on traine, décidés à ne pas partir les premiers en trace...et malgré cela je partirai en même temps que Michal qui monte vers les crevasses. Étonnant car c'est plutôt sa grande peur d'habitude. Je sors la corde et prends le relais pour sortir de la zone crevassée et repasse le relais à Florent qui nous a rejoint. Antoine comme d'habitude testera la pente terminale du col. Sur la pointe des spatules et sans pulka. Ça ne décroche pas, mais c'est raide et les deux bourrins décident de passer en chœur avec la pleine charge. Un petit woumf mais rien ne descend, pourtant il y a une bonne couche de poudreuse sur de la neige plus gelée, ils ne l'ont même pas entendu trop occupés à ne pas décrocher les peaux et se faire embarquer par leurs pulkas.

Était-ce plus rapide de tout faire en un seul voyage ? Peut être mais pas sûr car si je finis par les doubler en faisant un portage lassée d'attendre qu'ils dégagent de la pente, je terminerai la dernière, mais en étant partie bonne dernière. Antoine finira le premier en étant parti bon premier ..Du haut la Sneekuppe se laisse entrevoir entre les nappes de brouillard, ou les nuages (quelle est la différence ?), de même pour le Sneetoppen. Dommage ...mais Orion nous attend au pied du col. 14 km à descendre en traçant bien sûr, pour surtout ne pas glisser. Heureusement, juste sous le col ça descend pour de vrai et pas trop raide, donc on skie !! Et je fais même deux fois le haut, car j'ai encore oublié de prendre le point GPS au passage (donc 2ème descente sans pulka, le pied ). La neige change dans la descente, bonne en haut, elle devient croutée plus bas. Le temps se bouche.

Camp au confluent des glaciers Orion et Jupiter. Ce soir la discussion portera sur Virgo ou Concordia et Schuchert Dal . Antoine voudrait passer le col en haut du glacier Virgo, itinéraire jamais parcouru, présentation bien tentante faite par Antoine mais sabotée par moi-même car on n'a plus de jour de marge et il y a une grosse incertitude la chute de séracs en bas de la descente. Si ça ne passe pas il faut tout remonter et repasser le col. Une très grosse journée et surtout une journée de perdue. Devant le succès de la deuxième solution, Antoine sortira son joker le col Triton adopté à l'unanimité car solution élégante permettant de boucler la traversée.


6/05 passage du col Triton

Soleil au réveil, encore quelques nuages mais ça tourne au beau. 9h30, je pars en trace , direction les portes de Jupiter. Deux piliers magnifiques bordent le glacier, et vue du camp, un bel effet de perspective donne l'impression qu'ils sont face à face ce qui n'est pas du tout le cas. C'est vaste, derrière moi, loin le col en haut d'Orion, puis le confluent des glaciers qui descendent vers Concordia. 12h toujours personne pour prendre le relais, je continue, 12h30, j'ai vraiment envie d'une pause, tant pis pour la continuité de la trace. Antoine botte et gratte régulièrement sa pulka, Florent n'aime pas tracer sur ces immenses glaciers, dommage car c'est quand même un excellent traceur d'habitude, et d'ailleurs dès qu'il me relaiera , il ira chercher du relief vers la zone de séracs que je contournais largement. Je n'aime pas trop, donc reprends la trace encordée avec Michal, qui relaiera un peu avant qu'Antoine ne prenne la direction des opérations. Ça tombe bien, le col Triton est en vue, avec une belle pente raide qui a déjà coulé. Et j'ai la fringale donc plus question pour moi de tracer. Portage dans la montée au col et dans la descente, car le moulinage se fait dans l'axe, mais la descente est en traversée. 21h30 on plante dans le camp dans le haut du glacier de Triton sur un replat dégagé loin des chutes de glace des parois.


7/05 dernière étape dans les Staunings, 1500m de descente vers la mer.

-15°c à 4h ce matin, beau temps. Vers 8h le soleil arrive sur les tentes. Réveil à 8h30. Descente tranquille au début, au soleil, et ça glisse doucement sur de bonnes distances. Encore quelques glaciers tourmentés qui se jettent dans Triton et deux beaux piliers, mais le relief s'adoucit, ça sent le sud et les vacances. Je trace jusqu'aux séracs, puis laisse Florent prendre le relais. C'est sa spécialité maintenant, la recherche du meilleur passage dans les séracs. Il s'encorde avec Michal. Antoine et moi hésitons à sortir la 2ème corde, mais non car peu commode pour prendre des photos et aujourd'hui, grand beau, le fjord gelé, rempli d'icebergs géants est en vue, en face Renland et ses montagnes. Florent tracera quasiment jusqu'à la mer. La forme aujourd'hui, il faut dire que le terrain est varié. Beau cheminement dans les séracs pour rejoindre le glacier Neptune (ou Loberen). Bien en contrebas, belle baisse des glaciers. Je fais un petit bout de trace sur les moraines de Neptune, cherchant un peu le passage puis Florent repart devant. Magnifique cette sortie de glacier, très tourmentée, arches de glaces, mais bonne surprise car on passe finalement bien à skis et on aura un cheminement enneigé et simple jusqu'au fjord. La neige est de plus en plus irrégulière en sortie de glacier et surtout en se rapprochant de la mer, le torrent est sous la neige qui s'effondre sans prévenir. Les skis s'engouffrent dessous. Gamelle pour Antoine qui casse son brancard. Gamelle pour Florent qui découvre la grotte aux cristaux de glace. En arrivant vers le fjord, la neige ne repose sur rien, on effondre d'immenses plaques en progressant. Il faut y aller en douceur pour ne pas casser mais effondrer ces immenses plaques que l'on voit alors onduler devant soi. J'ai réussi à piquer la trace à Florent (pas facile, il s'accroche le bougre) et profite du spectacle. On atteint le fjord vers 20h. Bruit d'eau, il y a une résurgence du torrent au bord du fjord. On plante sur le fjord trop près de l'embouchure du torrent, mais trop de cailloux à terre. Du coup eau courante à côté des tentes, il suffit de creuser un trou de 10cm de profondeur et d'y plonger son gobelet. Humidité garantie cette nuit. Ce soir, il y a vraiment un air de vacances, finies les difficultés, le fjord est en bonne condition, on va filer. Restent les kilomètres de plat pour rentrer.


8/05

-1°c cette nuit, donc trop chaud. Tout a dégelé. Temps mitigé au démarrage à 9h30, lumière blafarde. Icebergs vraiment géants. D'en haut ça faisait cuirassés géants. D'en bas que dire, jamais vu d'aussi grands. Le fjord remonte jusqu'à la calotte et ce sont ses morceaux qui sont là, probablement à moitié échoués sur le fond. Trous de phoques et phoque au loin. Puis on reprend la vallée à l'embouchure du glacier d'Oxford et on rentre dans le brouillard. Grand cairn à l'entrée. La crasse est accrochée sur le massif. On distingue de grosses moraines, le débouché d'Oxford est probablement moins skiable que celui de Neptune. Traces d'animaux ours (?), lièvres , renards. Averses de neige. On monte au premier lac, du vent au col qui frise les 60m d'altitude. Je traine loin derrière. Soirée humide, 0°c


9/05

il neigeote ce matin mais il n'y a plus de vent, un pingo au 2ème lac. Étendue plate et glace bleutée d'où sort à l'autre bout la rivière dégelée en partie, elle coule et ça fait du bruit, on n'est plus habitué. Premiers rayons de soleil de la journée. Des plaques de végétation (airelle, lichen) font leur apparition et au loin voici les bœufs musqués. On dirait des blocs mais ils se déplacent lentement en broutant.

Florent est arrêté devant et monte sur une bosse dominant la rivière. Il y a repéré deux jeunes bœufs adultes qui ne bougent pas à son approche (ni à la notre ensuite). Plus loin les lagopèdes puis les lièvres picorent les tiges d'airelles. Le renard courent après les jeunes lagopèdes qui ne se laissent pas prendre. Suivant la rivière nous débouchons de nouveau sur le fjord. Contournement au large de l'embouchure de la rivière et de la Schuchert Dal en piquant vers la terre de Jameson et la cabane de GurrenHolm (en ruine). Belle lumière d'après midi , puis de soirée, fjord recouvert de neige croutée, dommage. On plante le camp non loin de la côte, après avoir cherché (et trouvé) la cabane. Il est 21h30, il fait -9°c et il y a un courant d'air bien frais.


10/5 traversée de la terre de Jameson

Temps bouché et 4°c. Trop chaud dans le duvet. Camp rapidement plié, lever 8h, départ 10h. On sort la boussole , et je marche au cap. Le temps s'éclaircit un peu, je fais cap sur un glaçon qui part à mon approche déployant sa longue queue, puis ce sont les rochers qui déploient leurs ailes et s'envolent. Traversée d'un lit de rivière, Antoine qui tire avec des cordelettes depuis la sortie des Staunings y balance sa pulka. Florent fait une tentative de prise de cap. Pas trop mal pour quelqu'un qui n'a pas l'habitude mais une certaine déviation quand même (10°), sans conséquence. Antoine botte et ne suit plus, on décide de s 'arrêter plus tôt sans lui demander son avis (il est contre car on n'a pas fait notre quota de km). Camp installé à 17h30, peu de neige mais terrain souple (végétation).

Ce soir, je pique les skis d'Antoine et Florent son brancard et on répare tout. Bilan de la troupe : Florent a très mal aux pieds, Michal un peu moins, OK pour moi et pour Antoine.

Ce soir point GPS , Antoine reporte sur la photo google et calcule le cap pour le lendemain. Au choix itinéraire direct ou par la vallée et le chemin indiqué sur la carte, plus au nord et plus long. On est plus au Nord que prévu donc on prend le « chemin ». Pas de balise, ni de cairn donc il faudra trouver l'entrée de la vallée repérée quand même sur nos photos satellite.


11/5

Réveil 6h, temps toujours très moyen, on entrevoit le soleil.11km à tirer à l'azimut, c'est pour moi à travers d'immenses étendues peuplées de bœufs musqués, des centaines probablement car c'est vaste. Nombreuses traces, des poils aussi, ils doivent avoir trop chaud. Quelques troupeaux avec les petits (20 à 30 têtes peut être), et des individus seuls ou par deux ou trois. Deux jeunes s'affrontent, choc frontal, pis repartent tranquillement ensemble. Plateau entrecoupé de vallées peu profondes, et voilà enfin la notre. Il neige maintenant. Belle vallée, style canyon gréseux, mais pas roulante, beaucoup de bruants des neige et quelques mouettes. Au bout de 4km à passer des congères, on s'échappe. Le vent se lève et les plateaux sont très exposés et vu les congères, corniches et zones pelées, ça doit bien souffler dans le coin. On se réfugie derrière une grosse congère au fond d'un canyon pour planter le camp. On fait notre premier mur de neige. A peine fini, le vent se calme. Tant mieux, la nuit sera calme. Point GPS, on prend du retard.


12/5

Réveil 4h, j'ai nettoyé et farté les skis d'Antoine qui démarre vers 6h30 pendant que je finis de démonter. Belle lumière ce matin, soleil, le premier sur la terre de Jameson. Je reste faire des photos et Michal m'attendra car on remonte sur le plateau, mais il est peu enneigé et ça nécessite un petit portage de pulka. Seule, je n'y arrive pas. Neige gelée, ça avance tout seul, paysage avec des grès colorés sur fond d'Alpes de Stauning. Toujours les bœufs musqués. Au bout de 10km, première difficulté programmée, une traversée de canyon. out va bien c'est conforme. On doit descendre et le temps se couvre, passage en jour blanc. Les autres descendent à skis, je ne sais trop où ni comment, mais je préfère mettre les crampons. Ils m'attendent, curieux ! En fait c'est le GPS qui est attendu et sa technicienne pour le faire fonctionner. A peine le point donné, ça repart et j'ai faim, je galère trop faim et pas assez à manger. Michal me propose des barres, mais finalement Antoine me donnera ma part de chocolat du soir (comme ça il ne la mangera pas dira F..) Après la petite averse de neige d'après midi, le beau temps revient. On quitte la vallée principale pour une vallée secondaire, normal, mais il a fallu attendre Antoine pour la confirmation car il nous manque vraiment un jeu de photos numérotées et avec échelle, donc il n'y a qu'Antoine qui s'y retrouve. Antoine botte et c'est de notre faute car on a trainé ce matin. Ambiance difficile. On plante et Antoine me plante avec la tente, car je ne suis pas assez rapide pour passer le double-toit, j'ai eu une crampe et ce n'est pas toléré. On ne le mettra pas tant pis et comme ça m'a mis de très mauvaise humeur je me couche directement. Belle distance parcourue aujourd'hui 25km, reste encore 50km à vol d'oiseau.

Aperçu des corbeaux aujourd'hui.


13/05

Pas entendu le réveil à 4h, on se lève à 5h. Temps bouché, départ vers 7h vers le col à passer sur la terre de Jameson. Vent marin dans la figure ce matin. Traces nombreuses, lièvres , renards et peut être loups. Col peu marqué, une gigantesque étendue presque plate. Descente par une petite vallée bien encaissée, mais c'est bien cela (merci le GPS et la boussole). Une dame lagopède nous accueille bruyamment à l'entrée, belle parade. Elle doit avoir son nid un peu plus loin et détourne l'attention. Plein de traces de lièvre, d'ailleurs j'en vois un détaler devant moi. Toujours de grosses congères à passer. Des empilements de schistes et grès assez instables sur les bords. Des vols d'oies de plus en plus nombreux quand on arrive dans la grande vallée au Nord de Constable Point. Temps de plus en plus chaud, on botte, on nettoie nos skis (et ceux d'Antoine qui n'arrive encore plus à suivre). cette après midi c'est descente sur le boulevard des oies. Arrêt à 16h, reste 35km et deux jours. Ça sent l'arrivée et la fin des difficultés. Il ne reste plus qu'à suivre cette vaste vallée jusqu'au fjord Hurry, puis 10km à glisser sur le fjord. Rangement de la boussole.


14/05

Réveil 4h, beau temps. Vallée bien enneigée, neige lisse, tout va bien. Les Bernaches arrivent au Groenland et ont passé la nuit dans la vallée. Elles décollent de partout par petits groupes et prennent la formation en V. Plus en aval, on tombe sur un barrage naturel et le début du slush. Antoine est derrière à courir les oies, Florent part reconnaître à droite, j'attends Antoine puis pars à G, Michal part ...Une vallée bien enneigée à G, mais où va t-elle? Juste un déversoir bien peu enneigé au centre, on y va. C'est un mélange de boue et de neige, ça passe et ensuite slush, slush, slush...au centre de la vallée ou cailloux rive gauche. Rive droite, on ne sait pas, impossible de traverser la rivière, ça coule vraiment et c'est profond..On vide les chaussures régulièrement et Florent et moi nous relayons dans cette pataugeoire à la recherche des meilleurs passages. On entrevoit de temps en temps de vieilles traces de traineau. Antoine peste contre sa pulka, Michal hésite sur les passages ..Vers 20h on rejoint un petit monticule hors d'eau au bord du fjord. Camp. Grosse étape lumière toujours aussi belle sur le slush, le mélange d'eau et de neige est magnifique pour les yeux, mais galère pour les pieds. Coucher minuit en regardant le soleil en bas sur l'horizon, en fait il vient de passer juste derrière une crête.


15/05 fjord Hurry

Réveil 4h, ça fait court comme nuit, mais il faut essayer de profiter du vague regel nocturne. Même Antoine se lève alors que ses chaussettes et chaussons sont mouillés mais pas de risque de gelure vu la température printanière. Dernière étape sur le fjord, l'avion est demain. Ça roule sur le fjord, effectivement ça a regelé, mais dès 9h ça fond déjà et alors que c'était roulant, on traverse des zones plus chaotiques. Et dernière surprise, un lac mal gelé nous barre le passage vers constable alors qu'on se croit arrivé. Retour en arrière et dernier détour avant de débarquer tirant nos pulkas devant le Hilton. Est on arrivé, Michal a un doute car le Hilton est à quelques km de l'aéroport, erreur sur google earth, mais non, on voit bien les hangars. Ça denneige et personne ne se soucie de nous quand on débarque au beau milieu de l'aéroport. Michal va signaler notre arrivée au chef d'aéroport . Nous partons planter notre dernier camp. Michal aura quand même un briefing sur les consignes de sécurité dans l'aéroport. Les chiots ont grandi, et courent partout dans la boue. Dans la soirée arrivée d'un traineau à chiens. Dernier diner plié en deux sous la tente, demain soir nous aurons une table et des chaises.


16/05 retour à la civilisation

c'est fini, tout est rangé, enregistré. Avion pour l'Islande via Kulusuk, beau temps, vue sur le schweitzerland et le Forel. Canicule à Reykjavik. Diner en ville.