Autour de l'Isfjord SVALBARD, NORVÈGE 20 mars - 3 avril 2005
Au pays du froid. Le spitzberg:
Cette année (2005) est paraît t'il exceptionnelle pour son climat. C'est bizarre mais j'ai l'impression d'avoir déjà écrit ça une autre année. Canicule cet hiver, l'Isfjord est en eau presque devant Longyearbyen. Mais changement de climat pour l'équinoxe. Voilà le froid et la neige. Pas ensemble, un jour il fait beau et très froid, le lendemain temps doux, mais il neige. Les personnages:
Le matériel
en très résumé, car on en reparlera....
L'ambiance:
26 mars : sixième jour du printemps, vive le GPS Temps assez bouché dès le matin il neigeote, la visibilité chutera très rapidement dans le fjord de Pyramiden (Billetfjorden), on ne verra même plus les bords. Partis vers 11h, nous arriverons à Pyramiden vers 1h du matin, ou un peu plus tard pour Michal qui attrapera des crampes l'obligeant à faire une pause en vue de Pyramiden. Aujourd'hui, Michal n'a pas pu recoller ses peux et tirera à pied. Nous contournons un premier cap quand Antoine aperçoit une trace de skidoos. Allez savoir ce qui se passe dans sa tête ce jour là, il a décidé que toutes les traces allaient forcément à Pyramiden, imaginez ma mauvaise humeur, car je suis persuadée que cette trace n'est pas bonne...la suite me donnera malheureusement raison, mais ce détour nous aura permis d'aller tester une zone de hummocks pleines de mares d'eau, de mouiller les peaux qui curieusement ne gèleront pas par la suite, mais seront plus difficiles à faire sécher et d'entendre le doux chant de l'arctique. Je ne sais pas si la mer monte ou descend, mais ça craque et surtout ça bouge dans les hummocks. Nous reprenons notre route. Des colonies de Petrels s'ébattent sur la glace à l'entrée du fjord. Le brouillard s'épaissit, la glace n'est pas très lisse dans le fjord, les pulkas sont lourdes et ma hanche gauche commence à se faire douloureuse. Comme l'alti a repris 40m, nous décidons de tirer jusqu'à Pyramiden, boussolle et GPS sont sortis. La pénombre finit par arriver. L'écran du GPS n'est pas éclairé et bien sur je ne sais pas comment faire, Michal a la lampe pour voir la boussolle car sa Suunto n'est pas trop commode pour guider: Il faut l'allumer, la passer en boussolle, mettre le poignet à l'horizontale...finalement la plaquette transparente boussolle c'est le plus pratique. On range le GPS. De toutes façons, le cap n'a pas du beaucoup varier et vu la taille de ce qu'on vise,une ville, les erreurs volontaires et tout ce qu'on a appris, on s'en moque un peu. On approche, la glace devient lisse, on traverse une belle fissure. Nous arrivons en vue de Pyramiden, Michal traîne un peu derrière, nous l'attendons puis voyant qu'il s'est arrêté, nous continuons. Michal suivra la trace. On en profitera pour chercher un abri pour la nuit, pas facile car Michal a gardé la frontale du groupe. Ambiance cette arrivée dans la pénombre à Pyramiden, ville fantome russe sous la neige. On est seul, on traverse la zone portuaire, passons devant le monument commémorant la fermeture de la mine en 1998, ils ont laissé là le dernier wagonnet de charbon extrait. Des hangars gigantesques sont ouverts mais sont aussi accueillants que des congélateurs. Nous repérons une grande batisse en bois, on a presque l'impression de chaleur en entrant dedans, le sol est en bois, nous y passerons la nuit. C'est un magasin de pièces détachées pour wagonnets de mines. Il y a des engrenages gros comme ma tête et plein d'autres choses bien enrobées de graisse.
27 mars: Le congélateur de Pyramiden Il neige, on traine dans les duvets. Vu l'étape de la veille, on s'accorde un jour pour visiter Pyramiden. La plupart des batiments sont fermés avec des planches clouées sur les fenêtres. Enfin en voici un ouvert, la porte a été forcée et dedans c'est la désolation, tout est saccagé, radiateurs arrachés, meubles défoncé, triste...Tout en haut de Pyramiden, voici la "maison du peuple". Impossible de se tromper, une large avenue monte vers le batiment devant lequel trone un buste de Lénine. Complexe sportif et culturel également, ouvert et malheureusement saccagé également. Patins de hockey, skis sont éparpillés dans l'entrée. Les locaux où ils étaient entreposés ont été forcés. En haut, dans la bibliothèque, les livres ont été jetés au sol, les costumes également dans la salle de danse, les instruments de musique éventrés...Quel gachis. On profitera quand même du batiment qui a gardé sa température hivernale comme campement, mais ce sera la nuit la plus froide du séjour.. Ville étonnante, manifestement, on y fit du beau batiment pour le prestige de la nation puis tout a été abandonné. On imagine le départ des mineurs avec juste un minimum de bagages autorisés...ou bien? Et surtout, les photos au mur pour certaines ou jonchant le sol pour la plupart rappellent les quelques distractions en dehors de la mine.
28 mars: Quelle galère, toute cette neige. Heureusement aujourd'hui, toutes les peaux ont collées, car à skis on s'enfonce. Partis vers 8h, on s'arretera vers 15h30, un peu dépités par le peu de distance parcourue. Dès le départ, on brasse. Antoine se débarrasse du bois de renne pour s'alléger un peu. C'est crouté, on enfonce de 50 cm à la sortie de Pyramiden, un peu moins après. On se relaie mais je suis incapable de tracer dès qu'il y a la moindre bosse à passer. vitesse 1km/h. Heureusement, il fait beau, pas trop froid, on peut même mettre les duvets à dégeler sur les pulkas. Le pied du glacier est enfin atteint, un dernier effort pour franchir le front de la moraine et nous montons le camp. Le temps se couvre, la nuit sera plus douce.
29 mars: Que de casse aujourd'hui. Il a neigé cette nuit et plu dans la tente à cause de la condensation. Au réveil il y a meme un peu d'eau au sol dans l'abside, ca remonte du glacier. Dans la matinée c'est enfin le grand beau temps qui s'installe, départ tardif vers 12h30, avec toujours autant de neige sous les skis. Antoine et Michal s'encordent, je reste derrière. Quand enfin le glacier parait moins crevassé, je m'apprete à prendre le relais. Mauvaise idée, dès la sortie de trace, avec le froid et les efforts, une de mes fixations casse à l'avant. Je répare avec du fil de fer mais pour caler correctement le pied, je devrai rester en position descente. Enfin, aujourd'hui , nous avons un col à passer, 400m de dénivelé, une bagatelle en temps normal qui nous occupera la journée entière; Impossible de tirer les pulkas pleines avec cette neige. Un premier voyage avec des sacs à dos bourrés nous permettra de préparer la trace. Je resterai au col à tailler la corniche coté descente pour ensuite pouvoir faire glisser les pulkas, j'en profiterai pour faire des portages sur le début de la descente. Antoine montera ma pulka, puis la sienne. Reste la descente en traversée avec les pulkas, pas facile. Pour Michal, c'est sa première descente. Il chute, la pulka part dans la pente, l'entraine. Pas de mal pour lui, mais le timon est cassé. On montera le camp au pied du col, la réparation attendra le lendemain car le soleil est déjà couché. Quelle journée: 4h30 pour se préparer ce matin, un record de casse et 3km à vol d'oiseau entre le camp d'hier et celui d'aujourd'hui! 30 mars: une trace d'ours.
1 Avril: pas de poisson mais des pieds gelés. Le beau temps est de retour, pas de vent mais qu'est ce que ça caille ce matin. On propose d'alléger Antoine qui fait presque toute la trace. Il nous laisse quelques sacs et part pour essayer de se réchauffer les pieds. Je charge les sacs et oups!,calée. j'ai l'impression de n'avoir pas eu une pulka aussi lourde depuis longtemps. Après avoir tiré peut être 100m, je dételle et essaye de rattraper Antoine qui cavale devant avec sa pulka allégée. J'y gagnerai un échange de pulkas, pas de doute on a bien allégé la pulka d'Antoine. Finalement ce sera Michal qui devra faire la trace, un peu trop dahut car la neige est toujours aussi profonde et avec son timon cassé, la pulka se met toujours un peu sur la tranche. Le soleil brille aujourd'hui, mais les pieds ont bien du mal à se réchauffer. Les perdrix femelles sont de sortie, mais où sont les mâles? Dans l'après midi,le temps se radoucit et donc se couvre. Il commence à neiger. Après quelques négociations, on monte le camp. Nous voici à l'abri, je suis déjà au chaud dans le duvet quand Antoine enlève ses chaussons. Avant d'enlever ses chaussettes, il a déjà compris. Ses orteils ont gelé, les deux gros orteils sont tout blancs. On les met au chaud contre moi dans le duvet; On jugera demain de l'étendue des dégats. La suite de l'expé est compromise, mais pour l'heure, on mange de bon appétit, puis après avoir jumelé mon duvet et celui d'Antoine, on s'endort.
2 Avril: évacuation en hélico. Ce matin, orteils gonflés et violacés surtout le droit. Il faut appeler l'hélico. On chauffe les batteries du téléphone pendant le petit déjeuner, puis on appelle. Problème d'antenne, faux contact, restons calme. Ca y est, on est en communication, mais ça passe difficilement. On arrive quand même à passer tout notre message avant de perdre le contact. Espérons que c'est bien compris. Nous commençons à ranger en gardant juste un karrimat dans la tente intérieure pour Antoine. Michal rapelle un peu plus tard de l'extérieur de la tente, ça passe bien, les arceaux faisaient ils cage? L'hélico arrive dans moins d'une heure. A peine un quart d'heure plus tard nous l'entendons. Antoine est installé dehors sur son karrimat pendant que j'affale la tente intérieure. Michal se met en position un peu à l'écart pour accueillir l'hélico. Largage de secouristes qui nos aident à tout sécuriser, puis l'hélico se pose et nous embarquons au chaud. Grand beau temps pour un survol de Dicksonfjord, de l'Isfjord avec beaucoup d'eau libre cette année et arrivée à l'aéroport de Longyearbyen. Un policier nous emmène; On dépose Antoine à l'hopital, nous allons au bureau du gouverneur signer les papiers, c'est bien calme car on est samedi. Ce policier nous conduit ensuite chez Marie Anne, l'hébergement le moins cher en cette saison. Nos pulkas sont déposées dans un hangar, ils nous suffira de téléphoner au policier pour les récupérer. Visite chez Paulsen pour rapporter le fusil et les bidons d'essence non utilisés, à Antoine qui est dorloté tant mieux, quelques courses pour les souvenirs. Quelques coups de téléphone avec le téléphone satellite car on n'a ni cartes de téléphone ni portable. Michal fait changer les billets d'avion mais dans sa hate se trompe de date et n'arrive plus à joindre SAS. On préviendra directement l'aéroport de Longyearbyen qu'on ne peut pas prendre le vol du lendemain matin (Antoine est toujours à l'hopital). Puis on prend rendez vous pour récupérer les pulkas mais on arrive avec une heure de retard. On est le 2 Avril et on aurait du passer à l'heure d'été il y a une semaine déjà. Nouveau rendez vous, nous voici enfin à 22h au gite avec tout notre bazard à faire sécher. La chambre est pleine et ça goutte...Enfin on mange, on discute avec 2 belges rapatriés hier pour gelures également. Les conditions vers le Newton ne sont ni meilleures ni pires que ce qu'on a eu. Vers minuit, alors que nous allons nous coucher des norvégiens arrivent pour continuer leur saoulerie. 3 Avril: le retour. Aujourd'hui, rangement au programme. On décolle la nuit prochaine. La chambre doit être libérée à 11h, mais on peut rester au gite. Je pars chercher Antoine dans la matinée car le toubib prévoit d'autres clients vu le froid. Un taxi pour faire les 500m nous coutera quand même 80 nok. Nouvelle arrivée au gite, encore 2 belges de la même expédition que précédemment, évacués pour épuisement et chaussures cassées mais finalement, tous deux ont des gelures également. A huit en se relayant, ils avancaient de 10km par jour maximum. Une expe finlandaise les avait suivis mais ses membres n'ont jamais pu prendre le relais. Il y a vraiment beaucoup de neige cette année. Bien sympatiques ces belges, l'un d'eux a fait construire le premier refuge de Leschaux. Ce refuge devait être le refuge Solvay, mais les Suisses n'en ont finalement pas voulu, pas assez beau pour Zermatt. On leur offrira une dégustation de fromages: comté, abondance.. et nos bouteilles de gaz avec le ticket de caisse. Auront ils pu les rendre? Pour nous c'était impossible le week end. L'aéroport ouvre à minuit, nous passerons une longue soirée au gite. 4 Avril: Bye bye Svalbard. Enregistrement des bagages sans problème. Mais Antoine a perdu sa carte d'identité, il arrivera à passer à Oslo avec son permis de conduire et retrouvera sa carte dans sa poche en prenant le RER à Paris. |