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La grande traversée des dahuts. Eric du gums et Gudrun du caf rsf ont accepté de nous accompagner (Antoine et moi) et Michal nous rejoindra en cours de route. Le Vendredi soir, tout est à peu près bouclé pour un départ matinal le Samedi. Avion, train et taxi devraient s'enchaîner pour atteindre le haut Asco au Nord du Cinto le Samedi soir. Mais le taxi recontacté l’après midi pour confirmation tarde à répondre. Le train, nous l'apprendrons sur place ne circule pas, il y a des travaux, mais un bus le remplace et la nivo n'est pas bonne, pas question de tenter le Cinto. Bref, tous les plans sont à refaire et les sacs ne sont pas faits. Gudrun qui nous rejoint à la maison ce soir, se trompe de RER. Rien ne va plus et pourtant, nous voici tous à l'enregistrement le samedi matin. Chaussures de skis interdites en cabine, Antoine embarquera pieds nus car il pleut et pas question de mouiller chaussettes et chaussons. Quelle pub pour Air France, même si le fautif est le contrôleur sécurité d'Orly qui a également bien vérifié que nous avions payé la taxe pour les skis et que le billet couple d'Antoine et moi était valable !
Il fait mauvais sur les montagnes, le taxi nous laisse au bord de la route, juste à la limite du brouillard. Br.. Pas de neige, les sacs sont lourds, nous démarrons notre montée. Les cochons corses nous tiennent compagnie un moment, puis le berger-chasseur.
Nuit prévue dans un abri sommaire au Sud de l'Incudine, atteint au crépuscule. Mais surprise, l'abri a été rénové et donc est bouclé. Reste un centre de ski de fond abandonné , construction arrêtée car paraît il, il n’a pas été fait sur la bonne commune, vitres fêlées, un peu de neige et pas mal de poussière à l'intérieur. Des portes pas encore posées nous servirons de planches pour dormir. Corvée de neige, démarrage du réchaud, première soirée en Corse.
Heureusement, le lendemain le soleil est là, c'est inespéré, le grand beau remplace le mauvais temps prévu. Nous montons à l'Incudine, le seul sommet que nous ferons, vue sur la baie d’Ajaccio d’un coté et le golfe de Porto Vecchio et les aiguilles de Bavella de l’autre.
Nous sommes heureux, Antoine d’être sur un nouveau sommet, Eric d’être monté précisément à l’Incudine autour duquel il avait si souvent randonné, moi de voir la mer de chaque côté, et Gudrun ? elle n’a rien dit. Belle descente dans les forêts corses, arbres de tailles impressionnantes, plus d’un mètre de diamètre pour certains. L'hôtel et la douche nous attendent à Zicavo, la bière à la châtaigne et le repas corse seront appréciés. Mais c'est fini pour le beau temps. C'est sous la neige que nous repartons pour les bergeries de Capanelle que nous atteignons de nuit, ou plutôt que nous n’atteindrons que le lendemain. Nous suivons comme nous pouvons le GR20 qui traverse à flanc tout le massif du Renoso, et c'est le début de la grande traversée des dahuts.
On déchausse pour traverser les torrents, on rechausse dans des paquets de neige...la forêt est dense par endroit...la progression est lente. Heureusement, nous atteignons la route forestière montant au refuge avant la nuit. Mais le refuge est un peu à l'écart. Pourtant une lumière brille au bout de la route, c'est une station de skis, la dameuse est en action et il y a un gîte ouvert toute l'année. Sauvés, enfin presque car exceptionnellement le patron est descendu dans la vallée, mais les sanitaires et les dortoirs sont accessibles, tout ça non chauffé et ruisselant d'eau. Nous sommes trempés mais à l'abri avec un camping gaz, donc de la soupe chaude et des duvets secs. Nous irons nous sécher au refuge demain. Le vent est annoncé et il est au rendez vous dès le Mardi. Nous nous installons au refuge, dégageons la cheminée perdue sous un mètre de neige, mais avec la tempête, le feu ne démarre pas. De plus il y a très peu de bois coupé et pas de hache ni de scie, donc inutile d’insister. Tentative de montée vers un lac sous le Renoso car pour le sommet c’est perdu d’avance avec le vent. Après à peine 200m de dénivelé, nous sommes forcés de redescendre, trop gelé, trop venté , de plus il fait mauvais en haut. Mais pour une fois nous enlevons les peaux des skis et faisons quelques virages dans une neige qui n’a rien à voir avec le cinéma, heureusement nous terminons sur la piste. Nous allons profiter de la journée pourc déguster les pâtes abandonnées dans le placard du refuge (pensez à laisser le sel quand vous abandonnez des pâtes, merci pour les suivants) et faire une grande sieste. Mercredi, toujours tempête, mais nous devions rejoindre Michal Lundi soir à Vizzavone, donc il faut bouger, nous suivons donc encore le GR20. Antoine part devant en trace. Mais quand nous partons, les traces ont disparu. Nous retrouvons Antoine au passage du premier ruisseau de la journée, se faisant dorer au soleil.
Gudrun qui a eu la mauvaise idée de farter ses skis hier au refuge, n’arrive plus à coller les peaux. De plus avec le vent, ce sera notre journée kite, le sac à dos servant de voile. Mais seules les nanas décollent. Gudrun fait un atterrissage en douceur 60m en contrebas. Peu fière sur mes skis, et les deux gars ayant filé devant, soit disant faire la trace, nous optons pour une variante d’itinéraire en crampons.
Faire le dahut dans les pentes tantôt complètement décapées par le vent, donc en glace ou carrément croûtées et plaquées, ça use les bonnes femmes. Eric, inquiet, revient nous voir pendant qu’Antoine s’affaire à dégager l’entrée et l’intérieur d’une bergerie pour la nuit. Dire que Michal nous avait réservé un hôtel à Corte pour la nuit, mais nous en sommes encore à presque 50 km ! Cette bergerie nous laissera des bons souvenirs après coup, car il faut ramper dans la neige pour y entrer et, pour en sortir, dégager le trou d’accès qui se remplit régulièrement de neige et ramper de nouveau. Gudrun n’en sortira pas de la nuit malgré la tisane du soir.
Jeudi, le temps passe, un kilomètre nous sépare de la bocca Palmente permettant de basculer sur Vizzavone, mais les pentes sont toujours aussi dangereuses et le vent ne se calme pas, la tentative sera de courte durée et surtout de courte distance, demi-tour on descend dans la vallée chercher la route (ouverte aux voitures) et passer le col routier de Sorba à pied. Un jeune de Ghisoni nous descend presque jusqu’à Vivario, petit village Corse où nous prendrons un bus pour Corte. Vivario comme beaucoup de villages de montagne a des soucis, nous arrivons en pleine manifestation. La nationale est bloquée, les habitants protestent pour garder leurs deux classes à l’école. Les villages sont peuplés essentiellement de retraités et il suffit d’une fermeture de classe pour que les quelques jeunes ménages qui y vivent encore quittent le village. Le bus arrive en même temps que l’averse de neige, le papy qui nous faisait la conversation va se mettre au chaud, et nous voici partis pour Corte. Nous y arrivons sous la pluie. La ville paraît bien triste. Ce soir l’équipe est enfin complète, nous avons retrouvé Michal. Mais nous sommes à Corte, 600m d’altitude environ, avec des skis et les chaussures qui vont avec. Un restau corse pour se refaire une santé et nous repartons à pied , skis sur le sac, dans les gorges de Tavignano pour coucher au refuge Sega.
Grand soleil, les gorges sont magnifiques, eau transparente, rochers sculptés et plus haut, jeux de lumière entre la neige et l’eau. Sans oublier les vaches corses souvent peu visibles, errant dans les pentes. Soirée gastronomique, car une des mes spécialités consiste, à peine arrivée dans un refuge, à fouiller les placards pour en extraire tout ce qui a été abandonné par les précédents randonneurs. A Sega, il y a deux refuges. Dans l’ancien, quatre saucisses de morteaux et deux sachets de soupe à l’oignon (des grands pour quatre personnes), et d’autres provisions moins intéressantes. Bien installés dans le nouveau refuge, nous dégustons tout cela, moins bon que le restaurant de Corte, mais quelle amélioration par rapport à l’ordinaire. Bonne soirée , heureusement, car le lendemain le mauvais temps est de nouveau là et nous redescendons après une courte balade dans la neige, à pied ou à skis selon les goûts, ventée bien sur et sans voir aucun sommet.
Retour sur Ajaccio en passant enfin au col de Vizzavone en bus, il pleut des cordes et on est dans les nuages. A Ajaccio, il fait frais, le printemps est-il terminé ? Dernière promenade sur le port, le cours Napoléon, la place de l’empereur ou de Joséphine. Et dernière surprise, pas la peine d’ attendre le bus pour l’aéroport le Dimanche, le chauffeur a la flemme, les renseignements se foutent de vous et comme par hasard, un taxi arrive. Retour à Paris… Finies les vacances.
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